Pierrot

Pierrot vient de mourir d’un cancer, à 55 ans. Daniel Mermet (cofondateur d’Attac, et producteur de l’émission de radio « Là-bas si j’y suis ») en partance pour Nantes, prend une heure, une heure pour écrire.
De cette étincelle du deuil, naît un feu de vie. Il est question de la lutte des ouvriers et ouvrières de la maison Lip, du Mouvement de Libération des Femmes, de l’Ardèche où s’était installé Pierrot, de la blanquette de veau, des bouleversements moraux, sociaux et économiques de l’époque et puis des possibles, toujours tenaces.

Il y est aussi question de la mort qui, parce qu’elle attend tout vivant, nous redonne la vigueur d’être mortel. Ce texte poétique colporte une philosophie de l’essentiel qui repose en chaque instant, chaque infime à la fois si simple et complexe, chaque relation comme un fil tissant cet infime. Aujourd’hui où, ici et là, en ville comme à la campagne, on tente de fabriquer d’autres rapports à la vie, ce texte active, non pas cette nostalgie « qui pue de la gueule », mais bien l’effervescence d’une époque où « l’avenir avait un futur et lamort n’était pas encore inventée».